L'émission « Les non-essentiels libèrent la parole ! » prend ses quartiers d'été et passe en mode sélection musicale.Toujours le mercredi, à 18h, sur Graffiti. Qui se cache derrière ce collectif ? Comment est-il né ? Dans quels objectifs et pour quelles suites ? Eléments de réponses.

« Les non-essentiel.le.s », l’origine ?

Né durant l’occupation de la scène nationale du Grand R, à La Roche-sur-Yon, ce collectif n’avait, au départ pas de nom, mais bien deux objectifs :

  1. Alerter sur la réforme de l’assurance-chômage et de son décret du 30 mars 2021, dont le nouveau mode de calcul des allocations, aussi inégalitaire qu’injuste, devait précipiter 1,15 million de chômeurs et de chômeuses dans la très grande précarité au 1er juillet.
  2. Obtenir la prolongation de « l’année blanche » pour toutes les personnes bénéficiant déjà du régime de l’intermittence.

Dans le cadre de cette occupation, comme dans la plupart des cent autres lieux occupés partout en France, des scènes ouvertes et des agoras ont été mises en place. En l’occurrence, chaque samedi matin, sur le parvis de l’Esplanade Jeannie-Mazurelle. C’est notamment à l’occasion de ces agoras - toutes enregistrées et diffusées en Facebook Live -, qu’est venue l’idée de créer un podcast.

  1. Pour donner largement à entendre, aux citoyens, ces échanges tournant autour d’enjeux cruciaux comme le travail, le chômage, l’égalité femmes-hommes, le rôle de la culture mais aussi les luttes sociales actuelles menées sur le territoire de La Roche et de son agglomération. Exactement comme cela s’est fait sur le territoire de toutes les autres occupations. Un appel national lancé pour imaginer collectivement l’après-crise avec des réponses davantage solidaires et humaines à y apporter.
  2. Pour s’inscrire dans la Fête de la radio qui, au printemps 2021, célébrait à la fois les 100 ans de la première émission de radio émise en France ainsi que les 40 ans des radios libres.

C’est dans ce contexte qu’est né le podcast « Les non-essentiels libèrent la parole ! »

« Les non-essentiel.le.s », le fonctionnement ?

Au bout de la 4e agora, il est donc décidé de produire un podcast qui s’inscrit immédiatement dans l’enjeu de la lutte contre la réforme de l’assurance-chômage. Le nom des « non-essentiels » arrive assez rapidement. C’est à la fois un clin d’œil à la rhétorique gouvernementale qui, au soir du second confinement, a décidé de catégoriser qui était « essentiel » ou « non » au fonctionnement de la société.

C’est aussi et surtout une réponse à ces personnes qui assistent aux agoras, qui viennent pour écouter mais aussi, beaucoup, pour s’exprimer. A l'occupation, se greffent très rapidement d’autres luttes sociales en cours, comme la mobilisation des AESH, des AED, des personnels soignants etc. Toutes ces personnes que l’on a, au mieux, applaudi le soir à 20h, au pire méprisées, une fois la « 1re vague » terminée. En réalité, tous ces remparts, ces « premiers de corvée », qui ont été envoyés au front – selon la terminologie guerrière d’Emmanuel Macron – sans autres signes de reconnaissance et de revalorisation de leurs conditions de travail.

Parmi les occupant.e.s, une petite équipe de quatre personnes a décidé de prendre en charge la réalisation de ce podcast. Les agoras ayant lieu, chaque samedi, il est rapidement décidé de conserver ce rythme « hebdomadaire » pour la réalisation et la diffusion du podcast.

Au départ, en lien avec les équipes chargées d’organiser les causeries du samedi, le podcast est ensuite sorti de l'Esplanade, une fois l’occupation de la scène nationale terminée. Le mot d’ordre national étant « occupons partout » : le podcast « Les non-essentiels libèrent la parole ! » a été l’occasion de poursuivre l’occupation, lancée en mars à La Roche-sur-Yon, en investissant symboliquement d’autres lieux. Surtout en servant de haut-parleur à celles et ceux que l’on n’entend jamais.

Ce podcast est entièrement auto-produit. Aussi bien dans la forme que dans le fond. Aux quatre personnes chargées d’imaginer son contenu, participent tous les autres occupants et occupantes. Selon les compétences et les savoir-faire de chacune et de chacun, cela a donné lieu à la création d’un générique de début et de fin ; à l’écriture de chroniques ; à la réalisation d’entretiens ; à la mise en musiques et en voix de chansons, de textes etc.

Ce podcast a eu la chance de voir Graffiti Urban Radio accepter sa demande de diffusion sur les ondes hertziennes et sur une plateforme dédiée. Comme un formidable écho à cette Fête de la radio 2021. En résonance totale avec le rôle d’une radio associative dont l’objectif premier est bien de permettre la diffusion de programmes radiophoniques permettant le débat d’idées. Comme c’est aussi le cas, par exemple, avec d’autres programmes tel « Polémix et la voix off », une émission auto-produite du côté de Tours et diffusée depuis des années sur l’antenne de Graffiti.

« Les non-essentiel.le.s », la suite ?

La veille de la diffusion du 10e numéro du podcast, le Conseil d’Etat annonce la suspension de la réforme de l’assurance-chômage et notamment du fameux décret du 30 mars tel que rédigé par le gouvernement. Une annonce qui sonne comme une première victoire du mouvement des occupations. Une annonce qui prouve, s’il en était besoin, que c’est bien par la lutte et par la convergence des revendications que l’on obtient des résultats concrets, influant directement sur le quotidien de nos concitoyens.

Alors que l’été en est à son commencement, le podcast « Les non-essentiels libèrent la parole » a décidé, lui aussi, de passer en grille estivale. En proposant, toujours le mercredi à 18h sur les ondes de Graffiti Urban Radio, une playlist des luttes : avec des groupes de musique locaux, régionaux ou nationaux qui se sont mobilisés, le printemps dernier, auprès de la centaine d’occupation ; avec des artistes « découverte », parce que c’est tout autant le rôle d’une occupation culturelle que d’une radio associative locale que de donner un coup de projecteur sur tous ces artistes qui participent à la vie citoyenne, culturelle et festive de notre pays.

Une fois l’été passé, cette playlist des luttes terminée, le podcast « Les non-essentiels libèrent la parole » compte bien tendre, de nouveau, son micro aux Yonnaises et aux Yonnais engagées dans les luttes du moment et celles à venir.

Sous quelle forme et à quelle temporalité ?

Un peu de patience… Et rendez-vous à la rentrée de septembre !

En attendant, vous pouvez réécouter les précédentes émissions : https://pod.urban-radio.com/@lesnonessentielsliberentlaparole

 

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